Mes interventions dans les écoles Saint-François d'Assise (au coeur de la Belle de Mai), Sacré Coeur (entre la place Jean Jaurès et le boulevard de la Libération) et Notre-Dame de France (Vauban) en mai-juin 2025, me confortent dans la volonté de poursuivre mes interventions dans les écoles en 2025-2026.
La première version des Enquêtes de Liliane et Ladrouille, auto-éditée, date d'il y a 10 ans, déjà. Les versions actuelles, reprises par L'Harmattan Jeunesse, ont été éditées entre 2021 et 2022. Fait nouveau : je croise de jeunes lecteurs qui ont lu toute la série ! Preuve qu'il ne faut pas se précipiter, dans une époque d'agitation permanente, et que le temps et la patience sont essentiels quand on publie des livres.
Je suis toujours aussi admiratif du travail de fond, quotidien et si peu mis en valeur, que les enseignants réalisent auprès des élèves. Inciter à la lecture et à l'écriture, à l'heure des écrans et de l'incessante succession d'images et de bruits, c'est un défi contre cette société ultra-médiatisée qui affirme chaque jour, sur un ton péremptoire et condescendant, que tout est fichu, que les jeunes ne lisent plus, que les parents sont fautifs, que les smartphones ont tout détruit, que l'école ne sert plus à rien. Il est d'ailleurs paradoxal de voir ces donneurs de leçons déblatérer sur les écrans... et le faire savoir sur ces mêmes réseaux sociaux et plateaux TV, où ils sont constamment invités ! Le débat se situe sans doute dans ces questions, mais les réponses nécessitent de refuser cette agitation, cette surenchère de réformes éducatives, cette course à la proposition la plus déconnectée du terrain.
A ma manière et à ma toute petite échelle, lors de nos échanges avec les classes que je rencontre, sans tabous ni questions censurées, j'essaie de faire passer trois messages en me servant de ma propre expérience d'écriture :
1) J'écris mes histoires sur des cahiers que je montre aux élèves, j'utilise des porte-mines, c'est pratique pour pouvoir écrire partout où je le veux. Je leur montre mes cahiers, mes tapuscrits et le livre finalisé. Mon imaginaire a besoin de cette relation entre ma main gauche et mon cerveau pour écrire. Cela désacralise le rapport à l'écriture et les élèves y sont sensibles.
2) J'utilise ensuite l'ordinateur pour réécrire mes histoires et les mettre en page, grâce à la fonction "dictaphone" du logiciel, extrêmement pratique, même si j'explique aux élèves que cela nécessite toujours une relecture pour corriger les fautes que le logiciel ne reconnaît pas (à et a, par exemple). Je montre ainsi que la technologie et l'IA sont au service de l'écrit, pas l'inverse, dans mon cas. Je montre surtout que lire à voix haute pour que le texte s'affiche sur mon écran, cela m'est essentiel pour que mon texte soit relu, que je l'écoute par moi-même, que je relève les erreurs de sens, les fautes de grammaire et de conjugaison, les problèmes de concordance des temps, les répétitions, les phrases trop lourdes... Je me suis même prêté au jeu de la lecture à voix haute devant les élèves de Notre-Dame de France, en lisant les premières pages de la sixième Enquête de Liliane et Ladrouille que je suis en train d'écrire: en direct, ils ont pu se rendre compte qu'à travers cet exercice, j'ai déjà relevé des erreurs. L'éducation par l'expérience...
3) Si l'écriture est le moyen par lequel, dès mon plus jeune âge, j'ai exprimé mes joies, mes doutes, mes questionnements, mes colères aussi, j'invite chaque élève à trouver le moyen par lequel il va pouvoir s'exprimer : le sport, la danse, la musique, le dessin, le théâtre, la lecture, etc.
Ainsi, je crois pouvoir dire que je contribue, par ma venue dans les écoles, à prévenir l'échec scolaire et l'illettrisme, avec des moyens très simples et accessibles. Savoir lire et écrire, comme je le leur explique, c'est être autonome : adultes, ils n'auront besoin de personne pour déchiffrer un contrat de travail, un bail de location, une ordonnance, que sais-je encore. Quand on n'a pas cette possibilité de comprendre ce qu'on lit, on souffre, on est seul et surtout on devient la proie facile des malfaisants.
C'est un privilège d'être lu. De voir mes livres affichés au mur d'une classe. De répondre aux questions des élèves, toujours pertinentes, et sans artifices. Je veux remercier Jessica Estorach et toute l'équipe de école Saint-François d'Assise, Faustine Damaz pour sa fidélité et toute l'équipe de l'école Sacré Coeur, ainsi que Stella Uras et toute l'équipe de l'école Notre-Dame de France.